Interview Marie Benquet

9 juillet 2021 Par Christophe Paupard
Marie Benquet
Marie Benquet – Autoportrait
copyright Marie Benquet

 Marie Benquet, qui êtes-vous ? 

Je suis Marie, photographe professionnelle sur Toulouse et dans toute la France.
Spécialisée dans
le portrait et la mise en valeur des savoir-faire, je suis « nature lover », et j’adore voyager. Mes photos professionnelles et personnelles oscillent entre carnets de voyage, reportages sur le terrain de gens passionnés par leurs travails et moments de vie : mariage, naissance…. J’accorde une importance particulière à l’instant présent et aux moments dits « secondaires » : je réalise des portraits là où les personnes se sentent bien, alignées, seules chez elles ou encore avec leurs animaux de compagnie, pour mettre en valeur la douceur et l’importance du « temps pour soi »..

Quand avez-vous commencé la photo et dans quelles circonstances ?

La photographie, chez moi, c’est un peu une histoire de partage.
J’ai commencé la photo au collège, avec l’appareil argentique de mon père, un OM10. Il en avait lui-même hérité au retour d’un couple d’amis d’un reportage en Afrique, dans les années 80. C’est également lui qui m’a amenée voir ma première expo photo, sur l’agence Sipa Press, et qui m’a parlé de tous les grands reporters photos, des photos du siège de Sarajevo…. Résultat : au lycée, je voulais être photographe reporter de guerre.
J’ai commencé à développer des pellicules, j’ai fait des études de cinéma pour apprendre à réaliser des documentaires… puis j’ai changé de voie, et j’ai étudié la sociologie et les sciences politiques.La vie passant, j’ai arrêté la photographie pendant presque 5 ans. Avant d’y revenir il y a un peu plus d’un an ! Je suis devenue photographe professionnelle près de 15 ans après ma 1ère photo.
Et des OM10, maintenant, j’en ai trois !

Avez-vous un domaine photographique de prédilection ?

J’ai débuté par de la street photo, en noir et blanc très contrasté, mais je m’en suis vite lassée.
Quand j’ai commencé à demander à des amis : « tu veux poser, qu’on se prenne un moment pour que je te photographie ? », cela a été une révélation. J’ai toujours voulu faire des portraits, mettre l’humain au centre de mon travail, mais je n’osais pas.
Je fais donc de la photographie dite « lifestyle ».
Le terme est un peu galvaudé, alors je vous partage ma définition personnelle. Il s’agit d’une photographie à mi-chemin entre reportage et artistique. L’intérêt est de photographier des personnes sur le vif, sans qu’elles posent de façon formelle, pour capture des « vrais moments de vie ».
Néanmoins, il y a une partie artistique assez présente : je post-traite obligatoirement mes photos, surtout en terme de colorimétrie, je choisis des lieux spécifiques, je crée des ambiances… 
Je dirai que je mets en place un ensemble d’éléments qui encadrent la séance, qui permettent à mes clients de se laisser aller, de se sentir à l’aise et de développer leurs créativités.

Avez-vous un(e) photographe préféré(e) ?

Ma passion pour la photographie étant très liée à celle pour le cinéma, j’ai du mal à distinguer les deux.
Classiquement, j’aime beaucoup Raymond Depardon, mais peut-être plus pour son rapport aux sujets photographiés que pour les images elles-mêmes.
Je trouve mon inspiration plutôt dans les films. Je suis très admirative du travail de Roger Deakins à la photographie. Il travaille sur presque tous les films des frères Coen, et sur le Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve. Visuellement, c’est toujours très propre, très léché, avec un travail des couleurs complémentaires soigné.
J’aime aussi énormément l’esthétique des films d’Akira Kurosawa, avec une préférence pour Dodes’Kaden. Cela parait élitiste dit comme ça, mais c’est vraiment bien, promis ! C’est un réalisateur dont on connait surtout les films en noir et blanc, mais celui-ci est en couleur. Et quelles couleurs ! Une image m’a particulièrement marquée. Le personnage principal, un enfant pas comme les autres, est passionné par les trains, et les dessine à longueur de journée. A un moment, la caméra est à l’intérieur de sa maison et filme les dessins collés sur les vitres et traversés par un rayon de soleil. J’ai été scotché sur mon fauteuil.  

Quel est votre coup de coeur de ce marathon ?

J’ai eu plusieurs coups de cœur, surtout pour les photographes qui ont pris les thèmes à contrepied.
Certaines photos ont provoqué des émotions, que ce soit du rire ou de l’angoisse.
J’ai beaucoup aimé le petit personnage sur le bouchon de liège dans le caniveau, l’orange coupée de « vie de quartier », les machines à laver de « au fil de l’eau »…
Bravo pour l’inventivité !
La photo qui m’a le plus touchée est celle de la chaussure qui pointe sous l’eau. Elle m’a donnée une impression très angoissante, un peu glauque ; bref, elle a provoqué une forte émotion ! 

Comment auriez-vous traité le thème de ce E-Marathon ?

Pour le thème « vie de quartier », je pense que j’aurais fait comme la plupart, je me serais promenée en ville pour faire de la street photo. En essayant de capter des gestes particuliers, un peu forts, des échanges.
Pour le thème « au fil de l’eau », je reconnais avoir eu du mal à trouver quelque chose d’original dès la publication de la thématique. Je pense que je serais allée dans une de mes rues préférées de Toulouse, l’avenue de la Garonnette, traversée par un cours d’eau aménagé et des ponts, en bord de Garonne.

D’ailleurs, quelqu’un l’a photographiée, je l’ai tout de suite reconnue !